Edouard Philippe : tout ce qu’il faut retenir de son discours de politique générale
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Au lendemain du discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès, réuni à Versailles (Yvelines), le chef du gouvernement a fait son grand oral devant les députés.
A chacun son grand oral. Mardi, le Premier ministre Edouard Philippe a prononcé sa déclaration de politique générale devant les 577 députés français. De la réforme de la Justice à celle de l’ISF, voilà les principaux points à venir.
Transparence et justice
«Il faut encore agir. Il y a des pratiques qui ont longuement été tolérées et que les Français ne tolèrent plus», a lancé le Premier ministre, évoquant le chantier de moralisation de la vie publique déjà lancé.
La réforme de la Justice sera menée en 2018 à travers une loi quinquennale de programmation des moyens de la Justice. «Dans un Etat de droit, rien n’est possible sans une justice forte», a réaffirmé Edouard Philippe. Ce dernier a également assuré que le gouvernement tiendrait la promesse de créer 15 000 places supplémentaires de prison.
Santé et sécurité sociale
Edouard Philippe a voulu «rassurer les Français sur le futur de la sécurité sociale (…), le patrimoine de ceux qui n’en ont pas», affirmant que le système était «mal coordonné». Prônant un «égal accès aux soins», il a promis un plan de lutte contre les déserts médicaux, des «offres sans reste à charge» pour les lunettes, les soins dentaires, les aides auditives, un développement de la télé-médecine ou une amélioration du congé maternité.
Au menu également : la lutte contre le tabagisme, avec un prix du paquet de cigarettes porté «progressivement à 10 €». Le chef du gouvernement entend aussi «lutter sans merci contre les trafics».
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L’ensemble des «vaccins pour la petite enfance» aujourd’hui seulement «recommandés» par les autorités de santé deviendront obligatoires dès l’an prochain, a-t-il ajouté. Côté handicap, l’Allocation pour adulte handicapé (AAH) sera revalorisée «dès l’année prochaine».
Collectivités locales, territoires et taxe d’habitation
Désireux de «raffermir le lien entre l’Etat et les territoires», Edouard Philippe a détaillé une série de souhaits et de mesures à destination des collectivités locales, citant, pêle-mêle, le développement des «communes nouvelles» ou le «regroupement de départements», la transition écologique et économique, le déploiement du très haut débit partout en France avant 2022, l’accompagnement de la révolution technologique dans les territoires ou l’aboutissement de l’accord de Nouméa en Nouvelle-Calédonie…
La réforme de la taxe d’habitation a eu une place de choix dans la déclaration du Premier ministre. Celle réforme devra «rendre du pouvoir d’achat à la majorité de nos concitoyens» et sera mise en place «d’ici à la fin du quinquennat». «Je sais cette réforme attendue par les contribuables mais redoutée par les élus», a reconnu Edouard Philippe.
Laïcité et culture
C’est un véritable plaidoyer pour la culture, comme arme contre l’intégrisme et le repli sur soi, qu’a lancé le chef du gouvernement. «Nous voulons élever l’âme de nos enfants et la condition de notre pays», a-t-il lancé, affirmant, par exemple, qu’il fallait «redevenir une nation de lecteurs», citant enfin la création du «pass culture», promis par le candidat Macron.
Sécurité et terrorisme
Après avoir rendu hommage aux soldats et forces de l’ordre, Edouard Philippe a rappelé que 2% du PIB seront consacrés à la Défense en 2025 et garanti une sortie de l’état d’urgence «au plus tard au 1er novembre». «Il y aura d’autres attaques, d’autres drames. Nous ne nous y habituerons jamais, nous ne baisserons pas la garde», a mis en garde le Premier ministre. «Nous lutterons contre le terrorisme avec la plus extrême dureté, sans renier ce que nous sommes : un Etat de droit et la République française». Une «véritable police de proximité» devrait également voir le jour.
Immigration
Notant que la France était «incapable de remplir ses obligations juridiques ou morales» face au «défi migratoire», Edouard Philippe a affirmé vouloir faire passer de 14 à 6 mois le délai d’étude des dossiers des demandeurs d’asile et améliorer l’expulsion des personnes «déboutées».
Education et jeunesse
Face aux échecs du système éducatif français, le Premier ministre a évoqué une réforme du baccalauréat pour le bac 2021, avec davantage de contrôle continue et un recentrage sur «un petits nombre de matières».
L’université, enfin. «Nos grandes universités doivent continuer à gagner en autonomie», mieux «travailler en réseau», a martelé le Premier ministre, qui a rappelé que «40 000 étudiants supplémentaires» devront être accueillis chaque année.
Parallèlement, le nouveau service national promis par Emmanuel Macron devrait voir le jour. «Une réflexion sera conduite avant la fin 2017».
Finances publiques
Dossier majeur de la déclaration d’Edouard Philippe, la question des finances publiques est celle qui a suscité le plus de réactions sur les bancs de l’Assemblée. «Le constat est grave», a tonné le Premier ministre, rappelant les «8 milliards d’euros de dépenses non financées» dans le budget 2017. «Nous avons anesthésié nos compatriotes à force de parler comme des comptables», a-t-il lancé. Ou encore : «Nous dansons sur un volcan qui gronde de plus en plus fort».
Le déficit sera ramené sous la barre des 3% dès 2017, a-t-il assuré. Souhaitant faire «baisser la pression fiscale», le gouvernement, par la voix de son chef, a assuré que «les contribuables ne seront pas la variable d’ajustement du budget».
Alors que les prélèvements obligatoires «baisseront de 20 milliards d’ici 2022», Edouard Philippe veut voir la dépense publique stabilisée (hors inflation) «en 2018». Pour y parvenir : le gouvernement entend «stopper l’inflation de la masse salariale du secteur public», «remettre en cause certaines missions» publiques ou chasser «la dépense inefficace et le saupoudrage de crédits».
Modernisation de l’Etat
Défenseur de la «transformation numérique» de l’appareil étatique, Edouard Philippe a estimé possible la création de «services de même qualité que dans le secteur marchand». Et de citer notamment la création d’un «compte citoyen en ligne», qui fera le lien avec toutes les administrations publiques.
Economie
Il a répété à l’envi que la France devait redevenir «conquérante» dans le champ économique. Le chef du gouvernement a notamment annoncé la mise en place «dans les tout prochains jours, avec la maire de Paris et la présidente de la région Ile-de-France, de mesures fortes pour renforcer l’attractivité de la place de Paris».
Message lancé aux entreprises, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), lancé en 2013, sera «transformé en un allégement de charges» en 2019. Le taux de l’impôt sur les sociétés sera aussi abaissé pour «converger vers la moyenne européenne».
Souhaitant «alléger les contraintes (pesant) sur les entrepreneurs», Philippe a rappelé que serait supprimé «le Régime social des indépendants (RSI) dès 2018». Il sera adossé au régime général.
Le Premier ministre a annoncé le report à 2019 de la réforme de l’impôt sur la fortune (ISF), destinée à encourager l’investissement dans les entreprises et jusque-là annoncée pour 2018. La réforme «sera votée dès cette année, dans la loi de finances pour 2018, et entrera en vigueur en 2019», a déclaré le chef du gouvernement.
Climat
Edouard Philippe a cité plusieurs mesures et projets dans le champ environnemental : parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, l’interdiction de tout nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures, la convergence diesel-essence avant la fin de la mandature, la «montée en puissance» de la fiscalité carbone, la division par deux du volume de déchets en France…
Logement
Philippe a promis qu’une loi serait votée d’ici l’automne pour «simplifier les procédures» en matière de construction de logements. Cette loi devrait permettre d’accélérer la délivrance de permis de construire et mieux sanctionner les «recours abusifs». Le Premier ministre et son gouvernement entendent enfin lutter contre les logements de mauvaise qualité environnementale, «les passoires thermiques».
Europe
Réconcilier les Français avec l’Union européenne et faire une UE «qui protège», dans les champs de la défense, du social et de l’économie, a souligné le chef du gouvernement, qui a plaidé pour une «Europe plus concrète, moins tatillonne, plus protectrice».
leparisien.fr
Source : http://www.leparisien.fr
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